DÉBLOQUER DES SITUATIONS, METTRE EN MOUVEMENT LES TPE ET LES TTPE (TRÈS PETITES ENTREPRISES)

Article 6 du 08/07/2011
Reprenant l’image animalière de l’américain David Birch, on peut dire qu’en France, il y a les grandes entreprises (GE) qu’on peut surnommer les “éléphants” à la fois gros créateurs d’emplois et immenses destructeurs d’emplois, puis les petites et moyennes entreprises (PME) qui sont les “gazelles” en principe pourvoyeurs d’emplois mais insuffisamment en France et enfin les “souris“, c’est-à-dire les très petites entreprises (TPE) qui seraient celles dont la longévité serait la plus courte, trois ans contre douze pour une gazelle et soixante pour un éléphant. Faut-il dès lors, penser que seules les grandes entreprises vivent longtemps ? Certainement pas. Et si c’était le cas, elles se délocalisent très rapidement ce qui réduit leur longévité locale. 

“Pensé sous une forme statique, le groupe industriel puissant supplantera la petite entreprise presque inexorablement : à l’arrêt, l’éléphant avance sa patte et écrase la souris ! Mais que l’on prenne conscience de la dimension dynamique, et le problème change : l’éléphant qui court après la souris ne l’attrapera jamais, parce que celle-ci a pour elle la souplesse, la mobilité et la vitesse de réaction et de réflexes.” Par ces deux phrases, Lionel Stoléru illustre parfaitement la non négligeable puissance de la souris. Foin de comparaison démesurée, l’image animalière s’arrêtera là.
Tout de même, il existe une vérité largement démontrée par les faits dans la relative mais réelle puissance de la “souris“. En physique, ne démontre-t-on pas que si la puissance n’est pas la force, la puissance et une force multipliée par la vitesse ? Ainsi, louons la promptitude de l’agile souris alias la TPE et la TrèsTPE.Voici trois propositions concrètes susceptibles d’éviter une certaine “relégation sociale” mais capables d’améliorer le sort économique de TPE et de TTPE mal comprises, trop souvent ignorées parfois délaissées :
1- A part l’autoentrepreneur étudiant ou retraité, l’autoentrepreneur ordinaire, bénéficiant d’un seuil de 32 000 € de chiffre d’affaires (près de 3 fois le smic) avec possibilité de bénéficier d’assurances professionnelles sans contraintes administratives et pratiquement sans limite, est un mauvais parcours. Outre, l’ouverture au travail noir, l’émergence d’un “salariat déguisé” en sous-traitance et les multiples fraudes (TVA, bénéfices, impôt sur le revenu ou sur les sociétés) que l’autoentrepreneur peut facilement susciter, la formule de l’autoentrepreneur 
est une incitation à toujours plus d’individualisme au détriment de la solidarité nationale. Enfin, la formule autoentreprenariale en dépassant une durée (raisonnable jusqu’à 2 ans maximum d’exercice) dissuade d’entrer dans l’entreprenariat réel et sérieux. Se vanter d’avoir 1 million d’autoentrepreneurs en France est une formule creuse qui dévalorise et détruit l’image de l’entreprise et de l’entrepreneur dont la société a pourtant besoin.
2- Supprimer la TVA à 5, 5 pour les TPE et les TTPE de la restauration serait une catastrophe économique à la fois pour ces entreprises dont les prix des matières premières n’ont jamais cessé d’augmenter et les marges brutes de diminuer depuis 5 ans. Quant aux petits clients, travailleurs ordinaires qui ne peuvent entrer chez eux à midi, ils voient les services se réduire. Pourquoi ne pas mettre un seuil de TVA réduite jusqu’à 500 000 € et la TVA normale au delà ?
3- Pourquoi l’URSSAF délivre-t-elle des bulletins de salaires gratuits à certaines TPE et TTPE alors q’en tant “qu’établissement public”, elle fausse le marché et détourne l’économie de son fonctionnement normal d’autant que l’URSSAF se trouve en conflit d’intérêt puisqu’elle est “juge” en contrôlant et “partie” en exécutant sans rémunération donc sans responsabilité tout en déresponsabilisant l’entreprise bénéficiaire.
Quant aux structures de services, d’aide et de soutien aux TPE et TTPE, le système associatif fait ses preuves dans de nombreux domaines et notamment dans l’exercice de l’expertise comptable et les centres de gestion agréés. Il devient de plus en plus évident que les associations d’expertise comptable (AGC) doivent être placées sous l’autorité directe de leur propre tutelle, soit la Commission de l’article 42 bis de la loi et de l’ordonnance de 1945. Elles ne doivent pas dépendre de structures régissant les entreprises libérales des experts-comptables, structures ayant des gestions différentes. Les AGC paient des cotisations à l’Ordre sans aucun droit de vote, ceci est assez peu républicain, c’est pourtant le cas actuel des AGC.
Enfin et de manière plus générale, quand on envisage du soutien au TPE et TTPE, on entend finances, argent, emprunts, prêts, obligations administratives et légales, etc. On n’entend que très rarement (jamais) parler de recherche et d’étude de positionnement judicieux des activités économiques et sociales sur le marché. On considère trop que l’activité est un fait acquis et une donnée dès lors qu’un dirigeant s’inscrit sur un registre consulaire. Pourquoi ne pas proposer des structures d’éveils, de soutiens et de formations individuelles et collectives sur les techniques de montage d’activités créatrices de richesses, adaptées aux besoins de la demande et aux capacités de l’offre, sources de rentabilité et de durabilité. Le savoir faire existe en la matière, pourquoi ne pas le rechercher et l’activer

Jean-Marie Clavel
(auteur de L’Entreprenologie, Plaidoyer pour les Petites et Moyennes Entreprises, Edit. Corroy.)
Spécialiste TPE et TTPE
Juillet 2011, Articles et Publications OGC-H

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