“ENTREPRENDRE AUTREMENT”

Article 4 du 17/11/2010 Comprendre ce qui se passe dans la vie économique et sociale actuelle est essentiel pour qui que ce soit et surtout pour un entrepreneur. Que se passe-t’il dans notre monde en crise ? Comment ne pas s’affoler devant l’impuissance des institutions nationales et internationales à réguler et à remettre sur les rails la machine économique ? Comment se rassurer ?

Au-delà des crises financières, économiques, sociales et institutionnelles que nous constatons et vivons chaque jour, un ébranlement incommensurable nous attend. La crise financière et la crise des ressources (énergétiques, pétrolières, minières, des métaux, des technologies, de l’eau potable, des terres cultivables) vont se rencontrer. Crise financière et crise des ressources vont se percuter et provoquer l’explosion. L’explosion aura lieu lors de la prochaine reprise économique et c’est là que la crise financière et la crise des ressources vont entrer en collision. Bien sûr, la reprise et la croissance économique, tout le monde la guette avec impatience et il n’y a rien d’anormal à ça. Mais la reprise risque de ne pas être ce que l’on pense si l’on ne corrige pas le tir avant qu’il ne soit trop tard.

La crise financière a pour origine les crédits accordés sur les maisons neuves vendues aux Etats-Unis. Les banques ont pris des risques insensés en prêtant aveuglément à des gens qui étaient incapables de rembourser leurs prêts et les intérêts rattachés. A l’achat des maisons s’ajoutaient les frais de chauffage et d’entretien, les déplacements pour aller au travail et l’énorme augmentation des prix des carburants. En dépensant plus que prévu, les familles n’ont pu rembourser leurs crédits. Le marché de l’immobilier s’est alors effondré. Entre temps, les banques se sont nourries des intérêts et des commissions perçus grâce aux multiples transactions occasionnées par les achats, les ventes puis les saisies, les séquestres et les expropriations.

La crise des ressources est encore plus grave. Le pétrole est condamné à l’épuisement et se rapproche de la fin (46 ans de consommation contre 63 ans pour le gaz et 120 ans pour le charbon1). La baisse des quantités augmentera les prix et créera des tensions sociales entre les pays. L’irrigation pour l’agriculture absorbe 70% de l’eau. Les quantités d’eau diminuent surtout dans les régions arides. Un cinquième de l’humanité vit dans des régions où l’eau est rare et de mauvaise qualité provoquant maladies et pauvreté. L’agriculture des carburants a contribué à la hausse des prix des céréales, provoquant des émeutes de la faim. La délocalisation massive de nos industries et de l’activité de production matérielle de nos pays européens se fait vers des “pays accueillants” tels la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique et les nouveaux pays industrialisés.

La délocalisation fait baisser les prix et les maintient à un bas niveau de manière durable. Pourquoi ? Parce que les prix de la main d’œuvre de ces “pays accueillants” sont jusqu’à 20 à 40 fois moins chers que ceux de France et d’Europe. Quant aux prix des matières premières des ces “pays accueillants”, ils sont toujours très bas et souvent dérisoires. Bien sûr, les bas prix bénéficient aussi aux populations de ces “pays accueillants”. Mais ces derniers savent-ils qu’ils exploitent inconsidérément leur propre sous-sol sans connaître les répercussions réelles sur l’environnement ? La Chine commence à s’en rendre compte au point de vouloir freiner des quatre fers certaines de ses exportations minières pourtant nécessaires au développement des pays riches et développés.L’urbanisation de la société fondée sur la voiture (au pétrole) et sur la maison individuelle a pris un sérieux coup dans les reins. La recherche de la rentabilité immédiate et à court terme a mené au fiasco. On est parvenu à une conduite du “sauve qui peut” et du “chacun pour soi” démantelant un peu plus les solidarités normales de la vie en société. Nos sociétés sont incapables d’investir vers l’avenir et de s’arracher à la mentalité destructrice du court terme et du chacun pour soi.
Comment éviter ou plutôt atténuer le choc de la collision entre la crise financière, la crise des ressources les délocalisations et l’urbanisme délinquant ? Comment sortir de la rentabilité à court terme qui détruit l’aujourd’hui et l’avenir ? Pour les PME et les TPE, la réponse est dans la pensée, la préparation et l’application des “qualités fondamentales” et des “normes de base”, le respect des valeurs réelles des prix aussi bien des ressources minérales, énergétiques et des ressources éthiques et intellectuelles. Apprendre à entreprendre autrement devient le maître-mot. Sans cet apprentissage, nos entreprises déclineront.
L’OGC-H préconise quatre priorités pour ouvrir un chemin d’efficacité :
– mettre d’abord l’entreprise en sécurité fiscale et réglementaire face aux obligations légales
– puis garantir le bon fonctionnement interne, mise en ordre administrative et dématérialisation des procédures papier et courriers de l’entreprise
– ensuite appliquer la bonne gestion et la gestion prévisionnelle
– enfin ajuster et stabiliser les activités, les moyens, l’environnement et les intentions.Puisse chaque entrepreneur s’engager sur ces quatre priorités.Vaste programme ! Mais combien exaltant et finalement rentable.

Jean-Marie Clavel
Article 4, novembre 2010, Articles et Publications OGC-H

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